La croissance exponentielle de l’accès à Internet et des TIC a grandement influencé les processus sociaux, politiques et économiques en France et dans le monde.
Les TIC offrent des avantages aux individus, groupes, organisations, communautés et entreprises. Les gens peuvent plus facilement nouer et entretenir des amitiés, créer une petite entreprise et se tenir au courant de la recherche et de l’actualité. La communication a mis un public mondial à portée de la main.
Malgré cet intérêt pour la technologie, l’attention que le domaine du travail social a accordé aux TIC dans la recherche, l’éducation et la pratique ne correspond pas aux efforts d’autres organisations nationales et internationales.
L’introduction de diverses formes de services sociaux électroniques numériques, en ligne et autres, a créé un large éventail de problèmes éthiques complexes, liés à la gestion des risques. Les pratiques des travailleurs sociaux soulèvent un certain nombre de ces problèmes éthiques de l’ordre de la confidentialité et le respect de la vie privée, sachant que ces professionnels ne sachent toujours pas comment les résoudre.
Aujourd’hui, il n’y a pas de discussion contemporaine exhaustive des complexités et des interrelations entre les pratiques numériques, la pratique du travail social et l’éthique du travail social, alors qu’une compréhension plus nuancée de l’éthique dans les espaces en ligne est nécessaire.
Joran le Gall, Président de l’Association nationale des assistants de service social (Anas) observe que « le travail social a longtemps été à distance de l’outil informatique.
En effet, dans le cœur de métier qu’est la relation d’aide, l’outil informatique ne semble pas indispensable. Néanmoins, l’informatisation traverse peu à peu le travail social par deux moyens : la dématérialisation de l’administration (e-administration) et l’informatisation des dossiers sociaux ».
De son côté Le Haut conseil du travail social (HCTS) a abordé la question en 2018 par le groupe de travail « Usage du numérique dans le travail social », qui s’est chargé de la question :
comment le travailleur social peut contribuer à accompagner les personnes dans l’usage du numérique, sur les aspects positifs que ces outils peuvent leur apporter mais aussi en réponse aux aspects problématiques liés à l’usage d’internet (addictions, mise en ligne de données personnelles sensibles, exposition d’un public vulnérable à certaines pratiques à risques comme la radicalisation ou la pornographie pour les mineurs…) ?
L’utilisation du numérique reste une source de nombreux questionnements pour les professionnels de terrain, mais principalement pose la question de la formation de ces professionnels en ce qui concerne les enjeux éthiques du numérique dans leur pratique.
En effet, on pense que le numérique complique la pratique du travail social d’une manière jamais vue auparavant. Elle englobe les avantages et les défis qui créent des problèmes éthiques et des impacts qui ne peuvent être compris de manière simple. La raison pour laquelle nous pensons que les associations professionnelles nationales et mondiales du travail social devraient élaborer des lignes directrices détaillées sur le travail social pour les différentes démarches d’accompagnement en ligne. Les associations professionnelles devraient également faire participer les travailleurs sociaux à l’élaboration de politiques en matière d’utilisation du numérique, mais également pour les aider à rester en phase avec l’évolution rapide des technologies, leur utilisation et leur utilisation abusive.
Enseigner aux étudiants en travail social l’utilisation des ressources en ligne de manière éthique, se veut obligatoire dans les programmes de travail social, avec une couverture possible dans des modules sur les valeurs et l’éthique.
En outre, les travailleurs sociaux doivent se lancer dans une évaluation rigoureuse et bien conçue des résultats associés à ces nouvelles technologies.
Souad Bouziane