L’internet représente le terrier du lapin d’Alice, où l’homme plonge dans le pays des merveilles et prend la mesure des possibilités de ce nouveau monde numérique. Elles sont immenses, vertigineuses presque. C’est le point de rencontre de la réalité et de la science-fiction, lorsque l’usager du premier canapé venu peut accéder au savoir de l’humanité en quelques clics. C’est le glas qui sonne pour les sceptiques qui pensaient voir le progrès technologique s’essouffler et ralentir sa cadence. Le monde réel a ses limites ? Qu’importe, ils en ont inventé un autre ou il n’y a ni jour, ni nuit, ni frontières, ni distances. La Terre est un village-planète avec ses rues commerçantes, ses monuments, ses axes principaux et ses quartiers malfamés. C’est l’automatisation farceuse qui nous fait passer la Wi-Fi pour de la magie sans fil en remplaçant des machines par des applications. Désormais une calculatrice, une banque, un appareil photo, une lampe ou un agenda tiennent sur la page d’accueil de n’importe quel smartphone.
L’émergence du numérique est devenue une des créations les plus importantes de nos jours pour les générations actuelles futures. Le remplacement du travail humain par la machine prend pleinement le sens d’automatisation par la possibilité de programmation de son action. Pour la première fois, une machine électronique sort de son rôle d’aide physique pour s’immiscer dans l’action cognitive. Le monde remodelé, la société de consommation bien établie, le développement technologique a le champ libre pour s’épanouir et libérer son potentiel, c’est un outil d’accompagnement pour la population.
Mais, il faut faire une analyse objective de l’utilisation de l’internet, car c’est bien là l’idée, les machines n’existent plus simplement pour produire mais aussi pour servir. Et avec la notion du service viennent les concepts de qualité et de l’habitude, du petit détail en plus de la part du constructeur qui a anticipé un besoin, d’une nouvelle ergonomie qui facilite encore l’utilisation.
Nous voulons que nos appareils soient intelligents, qu’ils nous connaissent, qu’ils anticipent nos réactions et nous fournissent des solutions. C’est le luxe d’utiliser la technologie sans la mauvaise conscience. Car après tout ce sont simplement des machines. Mais pour combien de temps encore ? Les avancées de la technologique font surgir le caractère schizophrène de notre relation avec les machines. Il est vrai qu’il est plus probable qu’un système automatisé tel que Google, Amazon, Apple nous ressemblant soit à même d’accomplir à notre place les tâches ingrates de notre quotidien. Mais en poussant le service jusqu’au bout, qu’est ce qui nous pousse à chercher de l’interaction avec nos serviteurs à boulons ? Où s’arrête la recherche du bien-être et où commence la projection de recherche du contrôle total envers une technologie qui n’est pas de notre contrôle ?
Les applications pourraient être universelles car des technologies telles que l’intelligence artificielle pourraient trouver d’elle-même des moyens de s’insérer dans notre vie.
En se tournant sur le passé il est alors légitime de se demander si nous utilisons réellement la technologie à bon escient. Rendre la vie plus facile et augmenter notre confort conduit-il nécessairement à plus de bonheur ? Ou bien subissons-nous les conséquences d’une économie consumériste basée sur la course au progrès pour quelques applications indispensables ?
Les consciences se réveillent depuis quelques années mais bien tard aux vues des prévisions scientifiques. Nous filons à vive allure sur un paquebot lent à manœuvrer et l’iceberg vient seulement d’être détecté. Pourrons-nous l’éviter à temps ?
Fatima GASSAMA