Mots clés : orientation, Mineur Isolé étranger, logiciel informatique, éducateurs.
Résumé :
Dans le monde actuel, l’informatique est considérée comme un outil indispensable qui peut rendre plusieurs services et faciliter le travail des éducateurs, il peut également devenir rapidement une contrainte. Dans cet article, j’écrirai en me basant sur mon expérience professionnelle ainsi que sur l’utilité de cette source d’information pour pouvoir orienter et faciliter l’intégration des Mineurs Isolés Étrangers (MIE). Je présenterai également certaines des limites de cet outil.
Suivi de situations :
En tant qu’éducatrice spécialisée, j’interviens dans un Service d’Accueil d’Urgence et d’orientation, considéré comme un lieu d’hébergement en accueil d’urgence d’une durée de trois mois. La mission de cet établissement est de permettre aux jeunes primo arrivant dans ce service de l’ASE, y compris les MIE, de bénéficier d’une évaluation et d’une orientation ou réorientation vers un lieu adéquat à la poursuite de leur projet de vie. La majorité de ce public a grandi dans un environnement familial très compliqué pouvant générer divers traumatismes. Ces jeunes ont donc besoin d’une attention particulière et d’un environnement sécurisant leur permettant d’être aidés à réaliser leurs projets.
Sur mon lieu de travail, lors de l’arrivée d’un jeune, l’équipe éducative doit créer un dossier informatique en utilisant un logiciel qui est sous le contrôle de l’employeur. Cet outil permet de réunir et saisir les différentes informations recueillies par les travailleurs sociaux concernant le jeune accueilli et de les rendre lisibles par tous. Ces informations sont titrées et bien organisées.
Chaque professionnel possède un compte et un code personnel qui lui permet de consulter le dossier des jeunes. Toute l’équipe du service peut ainsi intervenir sur une même situation même s’ils ne sont pas les référents qui ont été nommés à leur arrivée. L’équipe peut donc commenter ou modifier certaines informations directement en ligne. Cet outil permet de ce fait, de faciliter la communication entre l’équipe de la structure et d’avoir une complémentarité dans le travail mais aussi de pouvoir intervenir lors de l’absence d’un des référents sur la situation des jeunes ou sur les différents rendez-vous à gérer.
Avec la surcharge de travail, les éducateurs n’ont pas toujours le temps de faire les entretiens auprès de tous les jeunes accueillis sur le service. Ils privilégient les situations pour lesquelles ils sont référents. Grace à ce logiciel, ils peuvent consulter les dossiers scolaires, de santé et administratifs de tous les jeunes. Ainsi, nous pouvons archiver toutes les notes de situations, les comptes rendus de réunions, etc.
Cet outil informatique permet une meilleure visibilité des informations en ligne, un suivi de l’évolution de la situation des jeunes et d’adapter les démarches de l’équipe en fonction des observations de chacun et des résultats obtenus. A partir de ces documents en ligne, réalisés par les collègues du travail, nous arrivons ainsi à mieux analyser et envisager les actions à mettre en œuvre.
Enfin, ces dossiers informatiques peuvent être archivés pour une durée de cinq ans. Il nous arrive régulièrement de recevoir des appels d’organismes qui demandent des informations sur des jeunes accueillis et ayant quitté la structure. Le fait de classer les informations nous facilite le travail pour trouver et transmettre celles qui sont nécessaires aux partenaires ayant pris le relai dans l’accueil de nos anciens jeunes.
L’insertion et l’intégration
De plus en plus, l’orientation des Mineurs Isolés Étrangers devient compliquée et prend du temps. Quelques établissements d’accueil ont maintenant l’obligation de ne plus accueillir ce public. Aujourd’hui, les départements de la protection de l’enfance limitent l’accueil des MIE, les places ont été diminuées en région parisienne. Il est ainsi conseillé d’orienter ce public en province ou vers des structurés spécifiques à cette catégorie sociale.
Les dispositifs et les circulaires de la prise en charge des MIE se modifient régulièrement. Les éducateurs pour être efficaces doivent régulièrement s’informer pour adapter leur pratique et réussir leurs orientations.
Sur mon lieu de travail, c’est aux éducateurs de chercher directement sur Internet les foyers qui sont dans la mesure d’accueillir ce genre de public en prenant en compte le profil des jeunes et leurs projets professionnels. Par le biais de cet outil informatique, ils peuvent obtenir des informations sur les lieux d’accueil existant et se mettre en contact avec eux pour vérifier s’ils ont des places disponibles.
L’orientation de MIE prend du temps. Constamment, nous dépassons la période de notre durée d’accueil. Par les emails, nous essayons d’envoyer un maximum de demandes pour orienter ce public avant sa majorité, sachant que nous aurons très peu de réponses positives en raison du manque de place. Ce travail se fait d’ailleurs en lien avec la circonscription ASE du jeune accueilli mais il n’est pas toujours évident de la joindre au téléphone. Les sources informatiques nous facilitent le travail et nous permettent de lui communiquer toutes les informations nécessaires.
L’informatique reste aujourd’hui le seul moyen pour que certains jeunes restent en contact avec leur famille et d’intégrer leurs parents à leur prise en charge.
Il est connu que dans les établissements d’accueil d’urgence, l’aspect administratif est très présent. Les éducateurs font toujours face à des tâches imprévues. Pour cette raison, la majorité de leur travail passe par l’Internet, le téléphone et le fax. Ils permettent une meilleure gestion de la prise des rendez-vous, du suivi scolaire, du suivi médical, des loisirs etc. Nous gagnons plus de temps en effectuant ces tâches par Internet.
Les freins de l’informatique
L’outil informatique peut avoir cependant plusieurs limites. Je vais mettre l’accent sur les points qui me semblent importants.
Certains éducateurs ne sont pas bien formés à l’utilisation de l’informatique, ce qui peut être un élément de blocage pouvant rendre leur travail compliqué. Ils sont habitués à utiliser les écrits sous la forme papier. Pour qu’ils s’adaptent à cette nouvelle technologie, il leurs faut souvent plus de temps et parfois des formations pour apprendre son utilisation. D’autres, au nom de l’éthique, préfèrent garder l’information et ne pas la saisir. Ce comportement peut rendre la prise en charge incomplète.
La question qui se pose est comment ces éducateurs peuvent protéger les informations alors qu’ils ne maitrisent pas le traitement des données. Selon la loi du 05 mars 2007, les éducateurs sont soumis au secret professionnel mais ils rencontrent parfois des difficultés à faire la différence entre les informations autorisées à partager et celles interdites.
Un professionnel qui n’est pas honnête, peut facilement pirater les fichiers et sortir les informations du service sans l’autorisation de la hiérarchie. Il est vrai que la loi 2002-2 relative à la rénovation sociale et médico-sociale, ainsi que l’article L311-3 du code de l’action sociale et des familles mettent l’accent sur l’utilité de mettre « l’usager » au centre de dispositif et de respecter son intimité et sa vie privée mais certains professionnels saisissent des données sans en informer le jeune ou lui demander son avis.
Dans un autre contexte, l’utilisation de ce genre de logiciel permet d’identifier la personne connectée, le temps passé et de sauvegarder toutes les tâches effectuées. Cela permet donc un certain contrôle des dérives mais certains éducateurs ne se sentent plus libres dans leur travail.
Pour conclure, nous pouvons dire que l’informatique joue un rôle très important dans l’accompagnement éducatif mais il faut maîtriser son utilisation et acquérir les valeurs humaines nécessaires à respecter la vie intime de chaque personne accompagnée. L’employeur doit aussi mettre en place les moyens nécessaires pour faciliter l’utilisation de l’informatique par toute l’équipe.
AZARKAN Salma