NUMERIQUE ET EXTRACTIVISME : QUELS ENJEUX POUR LES TRAVAILLEURS SOCIAUX ?

Face à l’essor du numérique dans notre société, divers domaines se retrouvent concernés par les enjeux qu’il pose. C’est notamment le cas des questions environnementales et éthiques, qui peu à peu, prennent davantage de place dans l’espace public et sur la scène politique. La transition numérique questionne et met en avant certaines dérives systémiques.

Ces enjeux modifient notre conception et nos usages de tout ce qui touche au numérique, c’est pourquoi, en tant que travailleurs sociaux, et médiateurs pour les divers publics, il est primordial de chercher des solutions accessibles et en adéquation avec la réalité du terrain.

Le numérique, bien que nécessaire, impact de manière trop importante l’environnement et la société. Entre surconsommation, extractivisme et addiction, une remise en question sur les usages et pratiques autour du numérique est primordiale.

Extractivisme, numérique, environnement et société…

L’extractivisme est un concept développé pour définir l’exploitation massive des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, par le biais de techniques industrielles et technologiques, ou pas, mises en place par les géants industriels (agriculture, pétrole, minerais, technique…) ou par les locaux, dont l’objectif est l’enrichissement professionnel et personnel.

Pour rappel, un smartphone est composé d’une cinquantaine de métaux différents, comme : le nickel et cuivre (des métaux ferreux), l’or, l’argent, et la platine (des métaux précieux) et d’autres métaux comme le cobalt ou le carbone. Il est aussi fait de plastique et de verre.

Ce phénomène d’extraction massive est la cause de nombreux maux tant sociaux qu’environnementaux, auxquels le recyclage et le réemploi numérique, pourraient tenter de pallier.

L’une des pratiques liées au numérique favorisant l’extractivisme, est la fabrication et l’utilisation de smartphone. Du fait de la concurrence existante entre les différents fabricants de téléphones, aujourd’hui, cette production représente un véritable enjeu tant économique que sociétal. La société est de plus en plus consommatrice de ressources numériques. Il nous paraît alors évident de questionner l’infrastructure matérielle sur laquelle elle repose.

En effet, les composants principaux des smartphones sont des minerais, qu’on retrouve dans les pays dits du Sud : en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, et qui malheureusement ne sont pas renouvelables. La surconsommation engendrée par ce système a un effet néfaste sur l’environnement.  Mais également de graves conséquences sur les populations.

Ces populations subissent la dégradation de leurs conditions de vie puisqu’elles sont directement confrontées à la pollution à très grande échelle, provoquant l’essor de maladie comme des cancers, des infections ou encore d’autres maladies de longues durées, pour lesquelles il n’existe pas toujours de traitement, et qui au cas contraire sont souvent hors de prix pour ces personnes. Mais également parce qu’elles subissent les changements de leur environnement naturel, et souvent contre leur gré, à cause du déversement illégale d’eaux polluées et de déchets, ou encore la sur exploitation des sols et autres pratiques polluantes, impactant leurs modes de vie et leurs habitudes socio- culturelles.

Travail social et extractivisme…

Le terme d’« extractivisme » est un concept qui se fraye aujourd’hui un chemin dans les discours associatifs et engagés, et qui est de plus en plus régulièrement abordé.  Par exemple, les 25 et 26 mai 2018, le festival Rencontres contre l’extractivisme en Amazonie était organisé. Des associations, et autres organismes sont engagées autour de l’usage numérique responsable qui répond à la règle des 3R : Réduire, réparer et recycler. C’est notamment le cas de l’association électrocycle, en collaboration avec le laboratoire de recherche EXPERICE, et les étudiants du M2 IIST, proposant et développant un projet de Service de Location de Smartphones (slocs).

Le but de ce projet est de mettre en place un service de location de smartphones usagés et reconditionnés, à disposition de différents publics (personnes en situation de précarité, personnes âgées, étudiants, personnes en situation de handicap, travailleurs sociaux…), en faveur du recyclage numérique et du respect de l’environnement.

Ce projet promeut la médiation socio- éducative, la solidarité et le développement durable. Le projet Slocs favorise l’éco responsabilité de ces initiateurs et de ses utilisateurs, puisqu’il met en avant le recyclage numérique, et contribue à la lutte contre l’extractivisme.

La médiation socio- éducative est un processus d’accompagnement entre plusieurs personnes, dont une personne médiatrice, qui partage ses connaissances et ses savoirs avec un public, par le biais d’un tiers (objet, outils, espace de rencontre, ou support divers). Ayant pour objectif de développer le pouvoir d’agir des personnes accompagnées, par des processus de formation, de sensibilisation et d’actions de proximité.

Le numérique a bouleversé le travail social. Le baromètre du numérique 2017 indique que 13 millions de personnes en France n’ont pas accès aux outils numériques pour diverses raisons.

Ainsi, le Haut Conseil du Travail Social a émis des recommandations en direction des travailleurs sociaux, des bénévoles, les médiateurs sociaux et les conseillers médiateurs en numérique. L’objectif étant de mutualiser leurs moyens afin d’éviter le gaspillage numérique.

De manière concrète, les acteurs sociaux doivent travailler et réfléchir ensemble afin de favoriser l’inclusion du numérique sur le territoire en étant écologique.

Salwa, Mariama et Tracy – M2 IIST, année 2020/2021.

 

1 Commentaire

  1. Cyril Desmidt

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